par PrefectMarcus, le 29/07/2002.
Au début de la série Harry Potter, notre héros se retrouve comme un étranger dans un pays vraiment bizarre. Il découvre que le monde dans lequel il a grandi en cache un autre, un monde magique tenu secret. Ce n’est pas Oz ni le Pays des Merveilles qui existent à part du monde normal et dans lesquels on ne peut entrer que par des moyens extraordinaires. Non, il existe côte à côte avec l’Angleterre d’aujourd’hui.
Harry découvre rapidement que ce monde a des normes et des règles différentes de celui qu’il connaît. Par exemple, il est normal que les personnages des photos et des tableaux bougent. Ceux des tableaux quittent même leurs cadres pour se rendre visite entre eux. Toutes ces nouvelles expériences aident à maintenir le sentiment de surprise dans toute la série.
L’une des premières choses que Harry apprend, c’est qu’une grande partie de la technologie moldue avec laquelle il a grandi n’est pas présente dans cet autre monde. Des objets de tous les jours comme les téléphones et les ampoules électriques ne sont pas connus de la plupart des sorciers. Pourquoi tant d’objets de la vie quotidienne moderne manquent à la communauté magique ? C’est la question que cet essai tente d’aborder.
La technologie moldue peut se classer dans trois grands groupes : celle qui ne marche pas dans le Monde Magique, celle qui pourrait marcher mais que les sorciers remplacent par leurs propres dispositifs, et celle qui marche bien dans les deux mondes. Nous sommes informés par Hermione que certains appareils moldus se détraquent en présence de la magie, comme par exemple les radios (CF28). (1) Pourquoi? Pour trouver la réponse, nous devons faire un petit détour du côté de la nature de la magie.
La magie du monde de Harry Potter est une puissance que les sorciers et sorcières sont capables de maîtriser et de contrôler par des talents innés. Les actions magiques sont souvent accompagnées de lumières, d’étincelles et de sons. D’ailleurs, le tout premier acte magique que Harry a accompli dans ce nouveau monde fut de lancer des étincelles avec sa baguette neuve chez Ollivander.
Cela semble sous-entendre que la magie découle d’une manière ou d’une autre du spectre électromagnétique. De l’énergie très importante est en jeu. On peut la comparer à ce qui se passe quand un dispositif nucléaire explose. Un énorme courant d’énergie électromagnétique irradie tout le spectre. Les radios cessent d’émettre. Les lignes électriques sautent. Les téléphones prennent feu. C’est à cause de ce chaos que les états dépensent des millions pour installer des infrastructures immunisées contre cette interférence électromagnétique.
Les centrales nucléaires fonctionnent par un processus de conversion. Elles convertissent la matière en énergie. La magie est aussi un processus de conversion. Elle convertit l’énergie en matière, et vice versa. Dans tout processus du monde réel, il y a de l’énergie perdue – la deuxième loi des thermodynamiques. On peut raisonnablement supposer que beaucoup de cette énergie perdue s’échappe dans le spectre électromagnétique. Cela se manifeste par de la lumière, des étincelles et de la chaleur.
Dans ce cas, il devient évident que les sorciers ne puissent pas utiliser beaucoup d’appareils moldus comme les téléphones, les télévisions, les radios, les ampoules électriques et les appareils ménagers. Ils brûleraient, sauteraient et recevraient suffisamment d’électricité statique et d’autres parasites pour devenir inutiles. Rien que leur alimentation en courant serait problématique. N’importe quel réseau électrique agirait comme une immense antenne et se subirait un court-circuit.
Les ordinateurs subiraient le même sort. JKR a travaillé une fois pour un fabricant d’ordinateurs qui avait fait un ordinateur tellement sensible aux décharges électrostatiques qu’il avait du le retirer de la vente. Si un utilisateur avait les cheveux longs et secouait la tête, la décharge électrostatique ainsi générée pouvait planter le système. Si ça peut survenir dans le monde réel, imaginez ce qui pourrait arriver dans l’atmosphère chaotique et surchargée d’une maison, d’une école ou d’un bureau de sorciers. Un Accio ferait planter tous les ordinateurs dans un rayon de cinquante mètres !
Le seul appareil électrique moldu qui aurait une chance de marcher doit être un système de batterie très petit, avec son propre courant continu. Il faut qu’il soit très petit pour que l’électricité n’agisse pas comme une antenne et reçoive les interférences de la magie. Il faut aussi qu’il utilise du courant continu car les interférences entraîneraient des perturbations du courant électrique. Cela exclut les radios, les équipements audiovisuels et les appareils numériques. Une lampe de poche pourrait probablement marcher. Une montre analogique aussi.
Les appareils mécaniques paraissent mieux s’en tirer dans le Monde Magique que leurs équivalents électriques. Plusieurs élèves ont des montres. L’appareil photo de Colin semble fonctionner sans difficulté. Ce sont des appareils simples dont les sorciers n’ont pas développé de versions personnalisées pour leur communauté. Pour les autres fonctions, ils ont mis au point leurs propres solutions. Un exemple typique est l’escalier mouvant du bureau de Dumbledore. C’est d’une supériorité indéniable par rapport aux escalators moldus, d’où l’ignorance complète de Mr Weasley et de Hagrid envers ceux-ci.
Une question qui revient souvent est : pourquoi Harry doit-il se servir d’une plume pour écrire ? Pourquoi n’utilise-t-il pas un stylo-bille, ou au moins un stylo encre ? Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Un Monde Magique conservateur ne veut certainement pas laisser tomber les plumes – cela le distingue des Moldus. Peut-être faut-t-il un charme spécial pour écrire sur la magie, et que personne n’a jamais réussi à enchanter autre chose qu’une plume. Ou peut-être Poudlard impose-t-elle à ses élèves de faire les choses à l’ancienne avant qu’ils entrent dans la vie active et puissent utiliser des méthodes plus simples.
Une autre question qu’on se pose est : pourquoi les sorciers ne portent-ils pas de vêtements moldus ? C’est un élément parfaitement bon de la technologie moldu que les sorciers semblent dédaigner. La question n’est rendue que plus intéressante par le fait que les enfants ne paraissent pas y voir de problème. Peut-être la pratique de la magie nécessite-t-elle des robes. Les énergies complexes ne peuvent pas être correctement maîtrisées et pleinement contrôlées si celui qui jette le sort porte des habits moldus. Puisque les enfants n’ont pas le droit de pratiquer la magie avant leur scolarité à Poudlard ou pendant leurs vacances d’été, ils peuvent porter des vêtements moldus pendant ces périodes. Ou peut-être s’agit-il encore une fois du Monde Magique conservateur. La génération de Harry est peut-être celle qui ne porte plus de robes, sauf dans les occasions officielles. Il s’est passé la même chose au Japon.
Une question à laquelle l’auteur aimerait avoir une réponse est : comment fonctionne une imprimerie magique ? Tous ces manuels scolaires, tous ces livres de Lockhart et tous ces journaux et magazines sorciers – il faut qu’ils soient imprimés d’une manière ou d’une autre. Cela semble paraît terriblement inefficace d’employer des gens à le faire à la main, surtout les illustrations. Ça ne peut pas être fait à la légère, il faut que ce soit du travail soigné et précis. Souvenez-vous du sorcier Baruffio ! Même des groupes de plumes ensorcelées serait un cauchemar logistique. Si les tirages sont entre cent et mille exemplaires, ils peuvent peut-être se débrouiller avec une simple presse offset. (2)
Quelles que soient les raisons du manque de technologie moldue au sein du Monde Magique, une chose est certaine. Joanne Rowling a créé un endroit vraiment magique où les adultes comme les enfants peuvent se détendre dans un cadre qu’ils savent apprécier. Elle est une vraie magicienne.
(1) Ndt : “Tout ce que les Moldus ont inventé pour remplacer la magie – l’électricité, les ordinateurs, les radars et tous ces machins-là – ne peut pas fonctionner à Poudlard. Il y a trop d’ondes magiques dans l’air, ils se détraqueraient complètement.” – Hermione Granger (CF28)
(2) Ndt : le offset est le procédé d’imprimerie le plus courant (lien).